(1) Comme des Renards au milieu des ruines

Eliane Colard

C’est de manière insistante que le Seigneur m’a mis ce message sur le cœur pour cette année 2014, une année d’inventaire pour les murs de la maison de Dieu.


Sommaire :

1. Se tenir sur la brèche

-Le trou dans le mur
-Lamentation sur les ruines
-Des renards dans les ruines
-Réparer les brèches ou poser du badigeon ?
-Faire vivre ceux qui doivent mourir
-Faire mourir ceux qui doivent vivre :
-Des coussinets pour les aisselles
-Un message approprié pour un temps

2. Élever un mur

-Justice ou vengeance / miséricorde ou jugement
-L’édification de murs

3. Protéger de la guerre au jour du Seigneur

-La destruction des enduits de plâtre
-Le jugement de la maison de Dieu
-Les murailles restaurées de l’Épouse de l’Agneau


 Ézéchiel 13/ 4et 5 : « Tels des renards au milieu des ruines, tels sont tes prophètes, ô Israël ! Vous n’êtes pas montés devant les brèches, vous n’avez pas entouré d’un mur la maison d’Israël, pour demeurer fermes dans le combat au jour de l’Éternel ».


La version Français courant de ce verset dit :


« Vos prophètes sont comme des chacals qui rôdent dans les ruines ! Ils ne sont pas allés réparer les brèches de la muraille et ils n’ont pas construit de mur pour vous protéger de la guerre au jour du Seigneur pour demeurer fermer dans le combat.. ».


Lamentations de Jérémie 2/ 14 : « Tes prophètes n’ont eu pour toi que des messages mensongers et creux. Ils n’ont pas démasqué ta faute, ce qui aurait conduit à ton rétablissement. Leur message pour toi n’était que mensonge et poudre aux yeux »


Une grande responsabilité repose sur les épaules du Prophète ; et c’est parfois comme un fardeau que Dieu lui donne de voir et d’entendre ce qui se passe dans l’invisible afin d’avertir. Avertir, afin que celui qui s’égare se repente et revienne de ses mauvaises voies. Car Dieu ne cherche pas la perte du méchant, en tout cas pas avant que n’arrive ce que ces versets du livre d’Ézéchiel nomment le Jour du Seigneur ou Jour de l’Éternel ; car avant l’arrivée de ce jour, c’est encore le temps de l’année de grâce de l’Éternel.


Le pivot du ministère du Prophète décrit dans ce passage d’Ézéchiel 13 se décline autour de 3 axes principaux :



  1. Monter devant les brèches
  2. Élever un mur
  3. Protéger de la guerre au jour du Seigneur.
On est là assez éloigné de la vision souvent répandue du ministère prophétique qui ici est entendu non pas comme celui qui dit l’avenir ou qui distribue des bonnes paroles. Non, ici comme ailleurs dans la Bible, on voit ce ministère davantage centré sur la proclamation de ce que Dieu montre ou dit, afin de provoquer chez ceux qui écoutent et entendent, un ajustement salutaire par rapport à la volonté divine. Et cela ne contredit pas ce que Paul dit aux Corinthiens concernant la Prophétie qui édifie, exhorte et console. Ce sera toujours le but du ministère prophétique : dans la nouvelle alliance, le Prophète est un ministère d’édification de l’église du Seigneur. Et les moyens utilisés pour arriver à ce but, passeront par ce que nous voyons se manifester au travers de ces 3 axes décrits dans ce texte d’Ézéchiel.


Se tenir sur la brèche


Dieu dira à Ézéchiel que ce qu’Il recherche, c’est un homme qui se tienne sur la brèche devant Lui en faveur du peuple et/ou du pays (Chap 22 verset 30). Notons que lorsqu’il est dit dans ce passage «je cherche parmi eux », Dieu parle ici (« eux ») des prophètes dont il est fait mention au verset 28, et c’est pour cela qu’Il conclut : « mais je n’en trouve point ».


Dieu ouvre les yeux du Prophète Ézéchiel sur les brèches dans la muraille, non pas pour que celui-ci se réjouisse, non ! S’Il lui fait voir les brèches, c’est afin qu’il s’emploie à les réparer. Le Prophète, c’est un réparateur des brèches à l’instar du Seigneur qui l’appelle. C’est pourquoi les axes du ministère prophétique seront en phase avec l’exhortation, l’encouragement et la consolation ; en gros il s’agit d’un travail d’«édification», de construction et c’est la raison pour laquelle le ministère Prophétique est avec le ministère Apostolique, l’un des deux fondements de l’église corps du Christ. Ce ministère sert à «construire» (édifier) l’église du Seigneur, et ceci est loin d’être un ministère de spectacle sur estrade. C’est un ministère qui se construit dans le secret et se nourrit constamment au trône de Dieu, en contact étroit avec le cœur du Seigneur. Lorsque Dieu lui donne la vision des brèches dans la muraille de l’édifice, il lui donne aussi le conseil de Sa sagesse pour que les murs lézardés et menaçant ruine soient restaurés, solidifiés, sinon le ministère prophétique ne remplit pas le but de Dieu; l’objectif ce n’est pas la communication de la vision des failles, mais la communication de la sagesse de Dieu afin que les cœurs soient correctement entourés d’un mur de protection ; pour que la destruction qui courre n’accomplisse pas son œuvre définitive dans celui qui se laissera ajuster.


Le trou dans le mur


Quelle était donc cette brèche que Dieu avait fait voir à Ézéchiel ? Nous voyons cela assez vite au début du ministère d’Ézéchiel au chapitre 8, lorsque l’Esprit de Dieu le saisit par les cheveux pour le transporter en Esprit dans des visions divines à Jérusalem, afin de lui montrer l’idolâtrie qui se livrait dans le temple. Il est dit que Dieu fit voir à Ézéchiel un « trou » dans le mur. C’est cette brèche qui était la cause de la parole redoutable délivrée au peuple au chapitre 7 précédent. Ce trou se trouvait dans la muraille avant que Dieu ne demande à Ézéchiel de pratiquer lui-même à son tour une ouverture dans le mur. Nous noterons que ce n’est en effet pas à partir du trou existant dans le mur que Dieu invite le Prophète à entrer pour observer la situation, mais plutôt depuis une percée que lui-même devra pratiquer à un autre endroit du mur. Si le prophète devait regarder depuis le trou existant, il ne verrait pas la situation du point de vue de Dieu, sa vision serait viciée. Celui qui regarde une situation au travers de ses brèches, risque de courir en avant sans entrer véritablement dans l’œuvre que Dieu attend de lui par rapport à cette situation. C’est depuis une autre ouverture que le Seigneur demandera au Prophète de regarder la situation ; sinon il se tiendrait dans une posture de voyeur qui regarde par le trou et se contente de juger de l’extérieur. Tandis que celui qui entre par la porte se tient à l’intérieur pour juger de la situation, de là il juge en regard responsable. Il se sent responsabilisé et concerné par ce qu’il voit et il se produit en lui au niveau de ses entrailles un phénomène d’identification qui permettra au Seigneur de lui donner d’enfanter dans l’intercession la restauration. Malheureusement certains sont comme des touristes au regard de ce qu’ils perçoivent. Cela ne leur coûte rien de dire «  je vois telle ou telle chose qui est là ou qui va arriver ». Puis ils s’en vont en s’essayant les pieds, se lavant les mains et laissant les personnes se débrouiller avec ce qu’ils ont laissé derrière eux. Le Prophète doit se sentir concerné par la parole qu’il délivre, car c’est bien trop facile d’être un prophète d’extérieur. Il doit entrer, mettre ses mains dans le cambouis de la situation qu’il dévoile, il doit s’impliquer

Quand on réalise le pouvoir d’une parole sur une âme, on ne peut se permettre de jouer avec la vie des gens leur distribuant de soi disant « directives prophétiques concernant la profession, le mariage, les études, le déménagement etc.. car parfois cela peut aller très loin dans l’ingérence sous couvert de paroles prophétiques. Et les gens se retrouvent comme en prison à devoir se débattre avec des jougs injustes posés par des paroles prophétiques de pacotille.


Le mur montré à Ézéchiel était couvert de reptiles et autres bêtes répugnantes représentant toute l’idolâtrie que portait le peuple dans son cœur. Et les premiers à pratiquer cette idolâtrie en abomination au Seigneur, étaient les 70 anciens, à l’entrée du parvis. Ils faisaient cela en cachette. Puis à l’intérieur du parvis, il y avait aussi 25 hommes qui, nous précise le chapitre 11, s’adonnaient à l’iniquité et donnaient de mauvais conseils au peuple. C’est à cause de toutes ces choses se pratiquant derrière ce mur, qu’il y avait eu une brèche (le trou) et que la présence de Dieu s’était retirée du temple. Qu’y a t-il derrière les murs de nos vies ? Selon ce qui s’y trouve, Dieu demeurera ou non dans le temple que nous formons.


Ce mur troué est directement en rapport avec le verset du chapitre 13 où Dieu dit que les prophètes couvrent le mur avec du plâtre ; c’est dans le but de cacher le trou qu’ils agissent ainsi. Mais Ézéchiel prophétise que le Seigneur va détruire ce plâtre et mettre le mur à nu. Ce mur nous renvoie aussi au texte d’Ézéchiel 22 où Dieu dit n’avoir trouvé personne pour élever un mur devant lui en faveur du pays afin que celui-ci ne soit pas détruit. C’est parce que le mur troué n’était pas en mesure de tenir contre les assauts de la tempête. Or le prophète annonçait la venue d’une tempête que Dieu ferait éclater (chapitres 13/11 et 13). Ce mur fragilisé par le trou ne permettait pas de résister contre la destruction à venir : il fallait en édifier un autre qui soit solide. La fragilité dans la muraille avait été, causée par ceux qui aurait du travailler à l’édification du peuple, les 70 Anciens et les 25 conseillers ; au lieu de cela par leur agissement ils causaient la perte du peuple. C’est pourquoi Dieu a suscité Ézéchiel, à l’origine un prêtre, mais en tant que sentinelle pour ce temps-là. Dieu dit aux chapitres 3 et 33 qu’Il fait de lui un guetteur, une sentinelle pour avertir ce peuple récalcitrant. Et le Seigneur l’a aussi formé pour cette mission au mur, afin qu’il agisse en Sentinelle ; Dieu a formé en lui un cœur de Sentinelle.


Quand le Seigneur met le doigt sur une brèche dans un mur en la faisant voir au Prophète/ Sentinelle, quelle doit être l’attitude de celui-ci ? Proclamer partout qu’il y a une brèche et que le mur va s’écrouler ? Certainement assez souvent ce sera le cas comme Jonas l’a fait, car ça fait partie du ministère de sentinelle. Mais le rôle de la sentinelle va plus loin que le simple avertissement sous cette forme. Il doit aussi servir à veiller sur le peuple dans le sens de le « protéger » du danger dont il prévient la venue. Son angle de vue est tel qu’il doit permettre à ceux qui n’ont pas vu le danger de se préparer afin d’en être gardé. Sinon ce n’est pas une Sentinelle mais un simple voyant pas très différent des occultistes et autre clairvoyants du monde. Mais tout cela va dépendre du cœur de la Sentinelle. C’est pourquoi Dieu doit former le cœur de ceux qu’il appelle à ce poste de Sentinelle ou au ministère prophétique comme Il l’a fait pour Ézéchiel. Il doit former en eux des cœurs responsables

Or parfois certaines personnes qui se prétendent sentinelles, ont le cœur irresponsable et désinvolte. Elles ne se sentent pas concernées par ce qu’elles doivent annoncer ; elles se situent en dehors de la situation, la regardant de loin par le trou dans le mur ; il n’y a aucune identification aucune empathie pour ceux que la destruction menace. Leur attitude résume assez bien l’adage « après moi, le déluge ». Au lieu de cela, Dieu appelle le Prophète ou la Sentinelle à une profonde responsabilité devant Lui ; responsabilité qui va plonger ses racines dans l’amour : 1 Corinthiens 13/ 2 : « Je pourrais transmettre des messages reçus de Dieu, posséder toute la connaissance et comprendre tous les mystères, si je n’ai pas l’amour je ne suis rien ».


Nous voyons clairement énoncé en Ézéchiel 33 que le but de l’avertissement est de provoquer un ajustement salutaire du pêcheur par la repentance, afin qu’il vive car c’est ce que veut le Seigneur. C’est la vie que doit apporter le ministère Prophétique et non pas la mort. C’est en finalité un ministère de vie même lorsque la vie doit passer par la mort, la ruine ou la destruction. C’est cela le signe complet de Jonas (Matthieu 12/ 39- 40), et c’est ce à quoi le Seigneur Dieu voulait l’amener sous la leçon du ricin ; il devait comprendre que Dieu l’appelait à amener la vie en manifestant un cœur de compassion face au malheur qui menaçait les méchants habitants de Ninive : un cœur de compassion capable de battre au diapason de celui de Dieu qui a créé ces habitants et qui souhaitait malgré tout leur manifester sa pitié en leur laissant une porte de sortie (Jean 3/16). Le signe de Jonas c’est la prédication de la résurrection par le passage de la mort. Son passage dans le ventre du poisson était une prophétie de ce que Dieu voulait aussi faire à Ninive mais Jonas en était resté à la mort, sans vouloir dans un premier temps enfanter la perspective de la résurrection. Et il a du expérimenter lui –même l’effet de la déchéance par la mort du ricin, pour saisir l’importance et l’impact de la miséricorde du cœur de Dieu envers Sa création. Je reviendrai plus loin sur les Prophètes de type Jonas.


Dieu dit à Ézéchiel qu’il reprochait aux Prophètes d’Israël de ne s’être pas tenus dans la brèche faite dans le mur. Ces prophètes avaient vu cette brèche puisqu’ils employaient à la colmater par du badigeon ou du plâtre de « mauvais mortier ». Ils ont vu le danger, la fragilité menaçant le mur, mais ils n’ont pas agi en responsables. Dans un mur fissuré, le plâtre ne résout rien si ce n’est de cacher momentanément le problème à la vue. Dieu dit de ces prophètes qu’ils avaient des visions vaines et des oracles mensongers. Non qu’ils ne voyaient pas, car avoir des visions vaines ce n’est pas ne pas ne rien voir du tout ; cela signifie seulement que les visions qu’on dit avoir ne servent à rien : elles sont vaines. Mais aussi, il est précisé que certaines d’entre elles ne venaient pas de Dieu mais de leur propre fond. De même, les oracles étaient mensongers parce provenant de la même source. Et la conséquence en était l’égarement du peuple et son insouciance face au danger menaçant. Ils étaient à l’image des prophètes d’Achab au temps de Michée : ils se fabriquaient des paroles encourageantes inappropriées sous fond de prospérité et de victoire alors que la défaite se profilait s’ils entraient dans la bataille. Achab avait un défaut dans sa cuirasse ce qui fait exactement le même effet que le trou dans le mur montré à Ézéchiel. Et c’est par ce défaut dans sa cuirasse qu’Achab fut atteint et terrassé dans la guerre où ses faux prophètes l’avaient entraîné en contradiction avec les avertissements de Michée, le vrai Prophète de Dieu. Ce genre de prophètes aux paroles inappropriées, peuvent avoir une sorte de clairvoyance dans l’invisible, mais sans aucun discernement provenant de la sagesse de Dieu. 

On ne peut dire dans le cas des Prophètes d’Achab qu’ils n’avaient aucune clairvoyance ou connexion avec l’invisible, puisque Dieu lui-même projetait de leur envoyer des esprits de mensonge et d’égarement par lesquels ils devaient entraîner Achab à sa perte. De même, Dieu prévoit d’envoyer par les faux prophètes de la fin, un esprit d’égarement à ceux qui n’auront pas eu l’amour de la vérité pour être sauvés. Ainsi, le tout n’est pas d’avoir une sorte de connexion avec l’invisible. Le Prophète/Sentinelle de Dieu n’est pas juste un voyant, mais c’est celui dont Dieu va visiter profondément l’entendement spirituel pour lui donner de comprendre et de discerner spirituellement ce qu’il perçoit dans l’invisible afin que l’instrument rende un son clair de façon à ce que le peuple soit avertit et se prépare au combat.


Ce que dit le Seigneur des prophètes en Ézéchiel 13, Il le réitère au chapitre 22 en expliquant à Ézéchiel que la destruction viendra sur le pays parce qu’il n’a pas trouvé un seul parmi ces prophètes pour agir en Prophète, c'est-à-dire pour « se tenir sur la brèche » devant lui en faveur du pays, afin de solidifier la muraille pour que le peuple soit protégé au jour de la guerre. Ézéchiel 13/ 5 et Ézéchiel 22/ 30 disent la même chose, de même qu’Ézéchiel 13/ 7 et 10 dit la même chose qu’Ézéchiel 22/ 28. Si c’était des faux prophètes, ce n’est pas forcément parce qu’ils étaient à la solde de l’ennemi, mais parce qu’ils n’honoraient pas l’appel du vrai Prophète. Il n’est pas dit qu’ils disaient des paroles de l’ennemi à la place de celle de Dieu, mais ce qui provenait de leur propre fonds et qu’ils faisaient passer pour des paroles venant de Dieu, il y a ici du charnel et non pas premièrement du démoniaque. Et même, les esprits de mensonges ne donnent pas forcément des pensées paraissant « démoniaques ». Pour ces faux prophètes, c’est d’abord le fait d’avoir une « parole à donner » qui devient la chose la plus importante; et parfois c’est du à la pression du peuple qui veut une « révélation ». Dans ce cas ces révélations visions ou songes seront vains et n’édifieront pas.


Lamentation sur les ruines


Lorsque Dieu ouvre les yeux du Prophète sur un désastre présent ou à venir, son premier mouvement ne sera donc pas de se réjouir d’avoir vu quelque chose. Son cœur est la plupart du temps bouleversé par la vision et ses entrailles émues, le poussant à se tenir « dans la brèche » en prière devant Dieu. Il se lamente sur la situation désastreuse qui lui est montrée. Il ne peut pas tenir en place ; et il arrivera que ses entrailles bouillonnent d’amertume et de bile, et c’est parce qu’elles sont appelées à enfanter la restauration. C’est pourquoi le vrai ministère prophétique voit plus loin que la ruine, il porte en lui le germe de la restauration et ne peut à cause de ça, ni se satisfaire, ni se réjouir, ni même se moquer d’une vision de ruine. Il ne peut pas davantage se promener tranquillement dans un tel univers, comme le font les renards. Le prophète pleure sur les ruines. Et lorsque Dieu touche ses entrailles dans des lamentations prophétiques, il se produit en lui un phénomène d’identification dans la veine de ce qui se voit dans les Lamentations de Jérémie où, parlant de la désolation de Sion, le Prophète s’exprime à la première personne et s’identifie complètement à ce qu’il voit (Chapitre 1 à partir du verset 12). Nous voyons aussi dans la vie du prophète Ézéchiel un travail de Dieu l’amenant dans une identification de plus en plus complète où il va sans cesse devoir incarner le message à porter au peuple, jusqu’à passer lui-même par le deuil et la désolation (Ézéchiel 14/15): Dieu faisait de lui un signe et un présage pour le peuple.


Le Prophète est dans l’angoisse quand Dieu lui montre l’angoisse qui atteindra le peuple (Ézéchiel 12). Dieu faisait connaître à Ézéchiel les désastres qui allaient frapper le peuple, mais nous pouvons voir qu’Il ne s’est pas arrêté là. Le même Dieu qui lui avait montré le trou dans le mur, l’avait aussi transporté plus tard en esprit dans la vallée des ossements desséchés qui symbolisait le jugement tombé sur le peuple. Mais Il ne l’avait pas amené là juste pour contempler cette vallée et prendre acte du jugement. Non, Ézéchiel avait une action prophétique majeure à accomplir et qui était en phase avec son appel et la formation de ses entrailles spirituelles. Il devait appeler le souffle de Dieu sur ces os afin qu’ils revivent. C’est là le ministère de la Vie et de la Résurrection qui passe par la mort et c’est l’appel du Prophète. De même, il arrivera que Dieu fasse passer ceux qui ont cet appel par une sorte d’agonie spirituelle dans la prière où l’Esprit de Dieu qui sonde les choses profondes de Dieu va pouvoir utiliser ses lamentations afin d’appeler la vie dans la vallée de la mort où s’entassent les ossements desséchés. Le prophète ne va pas s’arrêter à ce qui est visible dans cette vallée, car à la faveur de ces prières d’agonie passant par ses entrailles l’Esprit de Dieu va élever ses yeux sur ce que le Souffle vivifiant de Dieu qui vient des 4 vents, veut ramener à la vie.


Lorsqu’un prophète se contente juste de transmettre une vision de désolation, il installe les cœurs dans la crainte. Les avertissements de Dieu n’ont pas pour vocation d’enfanter la crainte dans le cœur de ceux à qui ils sont destinés, mais plutôt un ajustement en plaçant leur espérance de la Bonté et la miséricorde de Dieu qui attend la repentance du pécheur. La plupart des paroles de révélation ont besoin d’être encadrées par une parole de sagesse qui généralement les accompagnera dans un but d’édification, ce qui est le but de la Prophétie. Si on reçoit un songe ou une révélation concernant un danger guettant une personne sans aucune parole de sagesse l’accompagnant pour savoir quoi en faire, il vaut mieux se contenter de prier par rapport à cela en se positionnant dans la brèche montrée jusqu’à ce que tout soit plus clair et que la révélation soit de nature à apporter une construction ou une réparation de la faille dans la vie de la personne à avertir. Toutes les personnes prophétiques ont fait les erreurs de ceux qui apprennent à marcher ; mais ceux qui se laissent former le cœur apprennent tôt ou tard que Dieu est un réparateur de brèche et que c’est aussi à cela qu’il les appelle. Car rappelons-le la prophétie édifie exhorte console. Si la parole donnée finit par détruire tous les murs intérieurs de la personne avertie en l’installant dans la crainte du malheur qui va la frapper sans porte de sortie, c’est que cette parole est apportée par un renard, un chacal et non pas un Prophète.


Des renards dans les ruines


Des renards ou chacals, c’est ainsi que Dieu décrit les faux prophètes à Ézéchiel. Ce sont des charognards qui se promènent dans les ruines. Avides de sang, ils achèvent ceux qui sont prêts de mourir, alors que le rôle du Prophète est de plutôt les affermir. Les renards/chacals accourent dès qu’il y a des cadavres, s’abattent dessus et les déchirent c’est de cela qu’ils vivent. Si vous vous repaissez de situations désastreuses, si vous vous délectez du malheur qui va s’abattre sur quelqu’un sous prétexte que vous l’auriez vu en songe ou en vision, si vous vivez dans l’attente permanente du jugement de Dieu sur les méchants, vous n’êtes pas un vrai prophète de Dieu : vous répondez à la définition des renards, chacals et autres charognards qui ne vivent que du sang des blessés. Lorsque Dieu montre l’imminence d’un malheur qui va s’abattre sur le peuple ou plus largement sur le monde sans Dieu, le Prophète ne peut s’en réjouir. Comme David, il doit saisir la clé du cœur du Dieu qui est lent à la colère et riche en bonté afin de maintenir encore ouverte la porte de la grâce de Dieu. Dieu est juste et quand il juge c’est avec justice ; mais il nous a donné cette faculté de pouvoir toucher sa miséricorde en faveur de ceux qui sont menacés. La manifestation de la miséricorde divine n’a pas pour vocation d’arrêter le jugement lorsqu’il est nécessaire ; son but est de faire que ce jugement amène la vie et non pas la mort (c’est ainsi que Paul entendait un tel jugement en 1 Corinthiens 5/ 3 à 5). Et c’est pourquoi Dieu envoie des avertissements, c’est afin que le méchant ne meure pas mais qu’il se repente et vive.


Cela ne remet pas en question le nécessaire et juste jugement de Dieu, mais ce qu’il cherche en avertissant c’est que celui qui est averti puisse se réformer. Il s’emploiera à cela tout au long de l’année de grâce (Esaïe 61) où il ne cessera d’envoyer aux hommes des moyens de grâce ; et même certains malheurs pourront conduire à ce résultat. La porte de Sa miséricorde ne sera fermée que lorsque viendra le jour du Jugement appelé Jour de l’Éternel (également prophétisé en Ésaïe 61): un jour de fureur qu’il nous est dit en Malachie de ne pas désirer. Car c’est un jour où Dieu cessera de retenir le flot de destruction que l’ennemi réclame sur le monde comme un droit sur ce qui lui appartient depuis la Chute. Or malheureusement trop de « prophètes » désirent la venue de ce jour ou encore que Dieu détruise les méchants. Mais si ce jour était arrivé avant notre conversion, nous aurions été nous-mêmes de ce nombre. Pierre dit que ce que Dieu désire ce n’est pas que le méchant meure, mais qu’il soit sauvé, et il dit cela dans le contexte de ce jour de jugement qui doit arriver sur le monde. Mais ce jugement sera tellement terrible dit Pierre (2 Pierre 3) que le Seigneur use de patience envers les hommes, ne voulant qu’aucun périsse mais que tous parviennent à la repentance. C’est ce que Dieu désire. Même si tous ne répondront pas à cette attente, c’est là le cœur du Dieu vivant pour ses créatures. Et le cœur du prophète doit battre à l’unisson avec ce cœur là.


Réparer les brèches ou poser du badigeon ?


Le mur ou muraille évoque un élément de fortification d’un édifice, en l’occurrence la maison de Dieu ou le temple du Saint Esprit. Mais c’est aussi le lieu où se tient généralement la sentinelle. Quelle posture adopter à la muraille lorsqu’elle comporte une brèche ? Il y a d’un côté ceux qui vont s’atteler à la réparation des fissures et trous quitte parfois à tout démolir afin de mieux solidifier ; et de l’autre ceux qui vont se contenter de poser du badigeon ou plâtre sur les brèches. Les uns vont faire une mise à plat pour réparer quand les autres vont se contenter de juste couvrir la brèche de sorte qu’elle échappe à la vue. Ces derniers sont de ceux qui cherchent à rassurer à tout prix en fermant toute possibilité d’ajustement, ils font du rafistolage de fortune pour permettre aux choses de continuer comme avant. Là où les premiers vont s’attaquer à la racine et au cœur des choses, les seconds vont se contenter de veiller à l’apparence extérieure. Ce qui revient à faire ce que le Seigneur Jésus appelait des sépulcres blanchis dont l’intérieur est rempli d’ossements de morts.


Les Prophètes/Sentinelles ne sont pas appelés à faire du rafistolage ni du plâtrage, ils sont des réparateurs de brèches. Ils mettent à nu ce qui est branlant afin de pouvoir construire, restaurer, édifier sur des fondations saines ; alors que les poseurs de badigeon se contenteront de cacher avec du mauvais mortier les trous dans un mur déjà lézardé. Et c’est ce rafistolage désinvolte qui préparera le terrain à la destruction des murs et à la ruine définitive de tout l’édifice.


Faire vivre ceux qui doivent mourir


Les poseurs de badigeon donnent cependant souvent l’impression de travailler à la réparation des murs. Ils prétendent fermer les brèches et agir au nom de l’amour qui couvre une multitude de fautes. Mais c’est à contre temps : au moment où Dieu appelle au dévoilement de l’iniquité, eux s’appliquent à fabriquer des voiles pour couvrir le péché (Ézéchiel 13/18). Dieu prend cette image des « voiles fabriquées pour toutes les têtes » afin de symboliser pour Ézéchiel l’aveuglement et l’égarement dans lesquels ces prophètes plongeaient le peuple. Ils étaient à l’image des prophètes contemporains de Michée. Exactement comme ceux de la cour d’Achab, ils cédaient à la pression populaire d’entendre des choses agréables, des paroles de paix; ils fabriquaient de bonnes prophéties ; ils étaient les précurseurs de ce qui est annoncé par Paul concernant les temps de la fin au sujet d’un peuple qui voudra entendre des fables au lieu de la vérité. Un temps semblable à celui d’Achab et de Jézabel (voir le message : « Le nuage qui s’élève de la mer »). Un temps où les gens ne voudront pas entendre la vérité mais le mensonge ; le temps dont Jésus a prophétisé en disant qu’il y aura des oracles mensongers. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, ces choses ont existé du temps d’Ézéchiel et de Michée et reviendront parce que les mêmes causes établissent les mêmes effets. Ce sont les prophètes Laodicéens ayant des paroles de paix et de prospérité alors que le temps n’est pas à cela, et ils conduiront le peuple dans la tiédeur en les préparant à être vomis par la bouche du Seigneur. Ils n’ont reçu aucun fardeau d’en haut. Ils travaillent contre le Saint Esprit en cherchant à absoudre le coupable et faire subsister ce qui devrait disparaître dans la mort. L’apôtre Paul dit aux Ephésiens que les œuvres ténébreuses ont besoin d’être dénoncées et exposées à la lumière afin d’être détruites par la lumière. Ce n’est pas faire preuve d’amour que de couvrir l’iniquité, c’est cela qui à terme amène la ruine. Lorsque ces choses sont couvertes, elles causent tôt ou tard de larges fissures qui finiront par détruire tout l’édifice. Malheureusement c’est parfois cette alternative qui sera choisie car réparer en profondeur une brèche demande du temps et peut passer par la destruction de tout le pan de mur concerné. De plus, cela peut laisser une impression de nudité sur le moment, sans compter la sensation de tout perdre ou que le sol se dérobe sous les pieds. Mais il faut souvent laisser agir la mort sur les mauvais fondements pour que la restauration puisse germer. Mais les poseurs de badigeons empêchent ce travail de restauration des murs en laissant vivre ce qui devrait passer par la mort.


Ceux qui n’ont pas d’appel à l’édification sont constamment dans l’urgence et se satisferont de l’apparence des choses sans aller au fond. Avec eux, tout va toujours bien, ils empêchent toute remise en question. Jérémie dira de tels prophètes qu’ils fortifient les mains des méchants en les empêchant de se repentir et revenir à Dieu, ils disent à ceux qui suivent les penchants de leurs cœurs « il ne vous arrivera aucun mal ». Ce sont des prophètes de succès ou de prospérité comme ceux qui se sont opposés à Michée. Ils sont des « ouvriers d’iniquité » dont les mains ne connaissent pas le travail du fil à plomb : ils construisent de travers des murs qui ne manqueront pas de tomber. En fin de compte, ils détruisent au lieu de construire. C’est pourquoi Dieu les assimile à des renards qui se promènent dans les ruines. Cependant que les prophètes/sentinelles de Dieu manient constamment le fil à plomb divin car ils ont le souci de la rectitude de l’édifice en conformité avec les plans du Seigneur. Ils sont de ceux qui seront bien souvent appelés à ruiner, abattre et détruire avant de pouvoir bâtir un édifice aux bases saines, bien coordonné et formant avec ses pierres un solide assemblage (Éphésiens 4).


Faire mourir ceux qui doivent vivre :


Comme je l’ai dit précédemment, le faux prophétisme ne se décline pas forcément au départ comme quelque chose qui serait initiée par les profondeurs des ténèbres, mais se présentera souvent sous une forme toute charnelle. C’est un prophétisme qui ne sera pas toujours appropriée à la situation, s’inscrivant souvent à contre courant de la pensée de Dieu tout en espérant que ce qu’il annonce arrivera. Ce faisant, il ne se contente pas de faire vivre ce qui devrait disparaître dans la mort, mais contribuera aussi souvent à faire mourir ce que Dieu destine à la vie. Il y a ainsi des faux prophètes qui n’annoncent pas forcément la prospérité et la paix lorsque Dieu ne dit pas cela, mais qui annonceront le malheur lorsque Dieu ne dira rien de tel. A l’inverse du précédent qui installe dans l’illusion et l’insouciance, ce pseudo prophétisme fait défaillir les cœurs dans la crainte et perdre courage aux faibles. Il n’y a jamais aucune perspective d’espérance dans les paroles de ces prophètes de malheur ; leur fonds de commerce est la peur, la crainte et l’angoisse. Leurs prophéties sont toujours des menaces provenant soit disant du Seigneur à l’instar des prophètes que dénonçait Jérémie : leurs paroles sont toujours : «menaces de l’Éternel». À l’opposé de ceux qui posent du badigeon avec du mauvais mortier pour consolider ce qui devait être détruit, eux par contre précipitent l’écroulement de tout le mur alors que la pensée de Dieu n’était pas portée à la destruction mais à la réformation. On reconnaît leur travail lorsque les cœurs sont découragés, les esprits affaiblis et les genoux chancelant et fondant comme cire au soleil. Les gens deviennent terrifiés par la peur, rendus incapables de faire quelque mouvement que ce soit ; ils deviennent défaitistes, n’attendant que l’avènement de la fin du monde sans pouvoir gérer le quotidien. Ils n’ont plus foi pour l’aujourd’hui, toutes leurs pensées étant déjà portées vers la peur : peur de manquer, peur de ne pas être prêts, peur de rater, peur des autres. Ils sont dans une inquiétude constante et souvent dans la paranoïa la plus totale. Ils ne sont jamais dans le repos, pensant toujours au pire scénario et ne faisant confiance à personne ; pour eux tout est conspiration, tout est diabolique. Ils vivent emmurés dans la crainte car la muraille du Seigneur autour de leur cœur s’est effondrée. Ils ne se sentent en sécurité nulle part : ils habitent tout simplement au milieu des ruines et sont devenus la proie des renards.


Parlons aussi des Jonas qui s’indignent et s’irritent lorsque ce qu’ils annoncent n’arrive pas ; lorsque Dieu se montre miséricordieux alors qu’il aurait du détruire selon la prophétie dont ils se sont fait le porte parole. Ils ont une vision étriquée de Dieu et la communiquent en bloc aux autres. Ils présentent un Dieu vengeur, un Dieu de sang et de guerre. Ils ne se sentent bien et approuvés que lorsque le malheur qu’ils ont annoncé se produit, trouvant là dedans la justification de leur appel. Alors que par principe, un avertissement sert avant tout à prévenir d’un danger afin que la personne prévenue ou avertie ait les moyens d’y échapper.


Des coussinets de confort pour les aisselles


Les prophètes d’Israël étaient donc comme des renards se promenant au milieu des ruines : qu’ils fassent vivre ceux qui devaient mourir ou qu’ils fassent mourir ceux qui devaient vivre, ils travaillaient contre l’Esprit de Dieu. Ils avaient des visions trompeuses et des oracles mensongers. Ils étaient en déphasage complet avec le message du Seigneur pour l’heure. S’il y a une brèche dans votre vie c’est vrai qu’il ne faudrait pas dramatiser en vivant dans la peur, mais il ne faudrait pas non plus à l’inverse continuer à vivre comme si la brèche n’était pas là, car le but de l’avertissement est de permettre la réparation. Or si la brèche est occultée, aucune réparation n’est possible, rien n’est fait et le mur se détruit de l’intérieur alors qu’on reste dans l’illusion et l’insouciance. Ces prophètes dénoncés par le Seigneur comme étant des renards, installent le peuple de Dieu dans l’illusion que tout va bien en fabriquant non seulement des voiles pour toutes les têtes mais aussi des coussinets pour toutes les aisselles. Il s’agit de « petits coussins de confort » qui aident à s’allonger dans l’insouciance. Dieu donne cette image à Ézéchiel pour montrer que ces prophètes aident le peuple à se sentir bien sans se remettre en question. Ces prophètes ne recevaient aucun fardeau venant du Seigneur. Le joug de Dieu n’était pas posé sur leur cou : cela signifie que l’Esprit de Dieu ne les dirigeait pas ou plus. Leur travail consistait à faire que le peuple se sente à l’aise, et non pas à les préparer à éviter un danger, ce qui est normalement le rôle d’une sentinelle. Au lieu de réparer le mur ébréché, ils mettaient du badigeon dans les trous qui symbolisent, rappelons-le, les ouvertures pratiquées par le péché du peuple et qui fragilisaient tout l’édifice de la maison de Dieu. Ce badigeon contribue à empêcher le peuple de se repentir et revenir au Seigneur. Alors que le ministère du prophète est principalement de provoquer par son message un ajustement à la Pensée de Dieu, il ne doit pas créer d’obstacle à la conviction de péché de l’Esprit ; au contraire son ministère doit contribuer à frayer le chemin du Seigneur dans les cœurs. Celui qui est saisi du fardeau du Seigneur ne voit rien d’autre et n’a aucun autre message que celui en rapport avec le fardeau du cœur de Dieu pour un temps donné. Son seul objectif sera que les voies de ceux qu’il doit avertir soient ajustées à la volonté de Dieu ; et tant que ce ne sera pas le cas il sera comme une femme en travail.


Un des signes pour savoir si quelqu’un remplit un ministère de prophète, c’est de regarder ce qu’il laisse derrière lui. Laisse t-il des ruines ou laisse t-il des fondations saines ?


Un message approprié pour un temps


Tout est question de sons à bien entendre comme je l’ai dit dans un autre message (Des oreilles pour entendre ce que dit l’Esprit) :  . Et ce que Dieu dit dans un temps donné ne sera pas forcément valable un autre temps, ni en un autre lieu. Mais le Prophète aura toujours la parole appropriée pour un temps ou un lieu donné. Ici au temps d’Ézéchiel, les prophètes annonçaient la paix à un moment où ce n’était pas le temps pour un tel message. Il ne s’agit pas de dire que le vrai prophète ne doit annoncer que le jugement et que le faux prophète aura toujours tendance à annoncer la paix, car rien n’est plus faux ! Il s’agit plutôt d’entendre et comprendre quel son Dieu fait entendre à son peuple à un moment donné. Car Ézéchiel n’a pas toujours annoncé le jugement et la guerre, il a aussi annoncé la paix et la restauration avec de grandes paroles d’espérance pour le peuple. De même, Ésaïe n’a pas toujours annoncé la paix et des paroles d’encouragement et d’espérance, il a aussi donné beaucoup de paroles de jugements dont certaines des plus grandes prophéties de jugements non seulement sur Israël mais aussi sur les nations. Quant à Jérémie, Dieu lui a donné autant un ministère de destruction qu’un ministère d’édification : arracher abattre détruire, ruiner, mais aussi à rebâtir et planter. Et c’est exactement cela : un vrai ministère prophétique ne fait pas que porter le coup de grâce sur ce qui n’est pas d’aplomb afin de le faire s’écrouler, il doit aussi par son action permettre la restauration sur les bases saines. Sinon il est semblable à un chacal qui se promène dans les ruines et qui ne se plait que dans les situations de désastre. Or Dieu est avant tout un Dieu de restauration, un Dieu de construction, d’édification. Il ne laisse pas les choses à l’état de ruine, sa gloire ne peut être dans les ruines de nos vies. La destruction ne sera jamais une fin en soi dans le plan de Dieu.


Tout est question de savoir reconnaître en quel temps nous sommes et reconnaître en même temps le message de Dieu pour ce temps là (Cf. le message « Quel réveil, quels signes, quel temps »), l’entendre et le dire sans y mêler de la paille. Alors qu’Ézéchiel est suscité de Babylone pour parler au peuple de Jérusalem de la destruction qui allait venir, nous apprenons par le livre de Jérémie (Jérémie 29) que de Jérusalem Dieu suscitait celui-ci (avant le ministère d’Ézéchiel) pour adresser une lettre aux déportés de Babylone leur disant de s’y installer, de construire des maisons, d’y marier leurs enfants et de prospérer et même faire prospérer la ville où ils étaient en déportation. Puis, de même que Dieu disait en son temps à Ézéchiel qu’il ne parlait pas par la bouche des prophètes de Jérusalem, Dieu disait par Jérémie (dans sa lettre adressée aux déportés de Babylone) que les prophètes qui prophétisaient au milieu du peuple déporté à Babylone, ne parlaient pas de Sa part (Jérémie 29/ 8 et 9). Voilà de quoi renverser tous nos schémas religieux car évidemment ce n’était pas parce que Dieu avait suscité Ézéchiel de Babylone que tous les prophètes de Babylone étaient de vrais prophètes : Jérémie disait le contraire. De même, ce n’était pas parce que Dieu avait suscité Jérémie de Jérusalem que tout ce qui venait de Jérusalem était bon à prendre, la preuve Dieu disait à Ézéchiel n’avoir pas trouvé en son temps un seul parmi eux pour élever un mur en faveur du pays.

Suite :  

Chapitre 2 : Élever un mur 

Chapitre 3 : Protéger de la guerre au jour du Seigneur

 

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