Heureux les persécutés ?

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LA HUITIEME BEATITUDE
Jean-Pierre SCHNEIDER

« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux » Matthieu 5.10

Cette béatitude termine l'énoncé de ce qui doit caractériser le vrai chrétien. La promesse de cette béatitude, qui boucle la série des béatitudes, est celle de la première béatitude. Mais si la promesse qu'elle contient est la même que celle de la première, elle ne décrit pas le chrétien à vrai dire, mais dit ce qui va lui arriver s'il en montre les caractéristiques, décrites précédemment.

Si la dernière béatitude rejoint la première par la promesse, c'est pour bien attester que le point important est d'être un citoyen du royaume des cieux.

De nouveau, Heureux ceux qui sont persécutés va à contresens de la pensée humaine normale. Quoi, heureux d'être persécuté? Cette béatitude est probablement la moins bien comprise, peut-être à cause de la phrase à cause de la justice.


Ce que cette expression ne veut pas dire

La béatitude ne concerne pas ceux qui militent d'une façon fanatique, ou ceux qui défendent une cause politique, juste en elle-même, en tant que chrétiens, ou dont le témoignage met en valeur leur justice à eux, ni dont le zèle l'emporte sur le bon sens et la politesse élémentaire. Nous pouvons être persécutés pour une juste cause, même religieuse, que nous croyons devoir afficher, mais ce n'est pas à cause de la justice (bien qu'il arrive que les deux coïncident). On peut, et on doit avoir des principes, soit politiques, économiques, sociaux, artistiques ou autres, mais ce n'est pas ce que cette béatitude entend. Un pas de plus: la 8e béatitude ne parle pas non plus de la persécution due à nos sacrifices.

A cause de la justice

Qui pratique la justice? Ceux qui ressemblent à Jésus-Christ; ils sont persécutés comme lui l'était, parce que l'injuste ne supporte pas le juste. Le texte clé me semble être Jean 15.18-20:

« Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela, le monde a de la haine pour vous. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi: s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ».

A Timothée, qui était malheureux parce que persécuté, Paul écrit:

« Tous ceux d’ailleurs qui veulent vivre pieusement en Christ-Jésus seront persécutés » (2 Tim 3.12).

C'est catégorique. C'est peut-être la béatitude qui nous remet le plus en question. Vivre comme Jésus le demande entraîne la persécution. Souvent elle est subtile, déguisée, hypocrite, tout comme elle peut être violente; nos frères dans les pays musulmans et athées en savent quelque chose!

Voici deux des exemples les plus frappants :

- Saül persécutait David parce qu'il était juste (selon le coeur de Dieu, nous dit la parole) et lui injuste.
- Daniel avait été établi un des chefs des satrapes dans le royaume babylonien; il agissait en tout avec justice, et il se vit jeté dans la fosse aux lions.

On peut en déduire que vivre une vie juste est insupportable aux injustes. Jésus-Christ en est toujours l'exemple suprême: lui l'amour personnifié, compatissant, guérissant les malades, livré aux bourreaux sur la base de calomnies ignominieuses. Jésus exerçait aussi la justice à l'endroit des pharisiens, qui le bafouaient. Cela n'a pas changé : le christianisme formel, institutionnalisé, a toujours été le plus grand ennemi de la foi fidèle au Seigneur, ne supportant pas un comportement empreint de justice.

Pourquoi les justes sont-ils persécutés plutôt que ceux qui sont bons et nobles? Le Dr Schweitzer (Prix Nobel de la paix en 1952) n'a jamais été persécuté (il était tout à fait libéral), Mère Thérésa non plus (mais elle rendait un culte idolâtre à Marie). Par contre, bien un Martin Luther, un Zwingli, un Watchman Nee qui furent haïs à cause de leur fidélité à la Bible.

La raison fondamentale

Les justes sont essentiellement différents. Il y a quelque chose en eux qui condamne les injustes. Face à la justice de Christ et conférée aux siens par lui, leur propre-justice a l'air clinquant, et c'est insupportable. Pourquoi l'Église romaine a-t-elle toujours persécuté à mort les vrais disciples de Jésus-Christ? Toute leur religiosité encombrée de pacotille est mise à jour comme fausse.

Les gens qui aujourd'hui admirent Jésus sans croire que sa mort à la croix est expiatoire, s'ils le rencontraient, ils le haïraient comme ses contemporains. Le chrétien authentique est haï parce qu'on voit Jésus en lui. On n'a pas applaudi Jésus, et on ne nous applaudira pas.

« Malheur lorsque tous les hommes parleront bien de vous, car c'est ainsi que leurs pères agissaient à l'égard des faux prophètes » (Luc 6.26).

Tout homme non régénéré a les tendances de la chair. Or « les tendances de la chair sont ennemies de Dieu » (Rom 8.7).

Ceux qui sont nés de Dieu ont les tendances de l'Esprit. Pour le non régénéré, c'est une offense qui remet en question son être tout entier. Pas de nouvelle naissance, pas d'offense. L'enfant de Dieu, par définition, est juste et exerce la justice. L'injuste le ressent comme ennemi.

Une mise au point

Notre témoignage doit être exercé avec sagesse, sans offense due à un manque d'égards, sans faire étalage de notre propre foi, en bref: sans inviter à la persécution. Mais plus nous ressemblons à Jésus-Christ, plus sa justice se manifeste en nous, plus le monde nous perçoit comme des corps étrangers, des trouble-fêtes, des gêneurs, et plus nous sommes persécutés. Pierre et Jacques nous disent de nous réjouir, mais de quoi? D'être traités comme Jésus et donc d'avoir la preuve de lui appartenir, d'être citoyens du royaume de la lumière au milieu du royaume des ténèbres. Paul pouvait écrire aux Philippiens:

« ...il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui » (1.29).

Le prolongement de la 8e béatitude aux v. 11 et 12 donnera d'autres raisons pour lesquelles le chrétien persécuté peut se réjouir.

Jean-Pierre SCHNEIDER

http://www.promesses.org/arts/151p30-31f.html

Commentaires

  1. Bonsoir et bon été à tous !

    Oui, je me réjouis de mes afflictions aujourd'hui car la grâce de Dieu me suffit !

    Du moins c'est ce que je prêche dans l'absolu et ce que le Saint-Esprit m'inspire à vivre chaque jour, en Esprit et en Vérité.
    Mais je dois aussi me repentir pour toutes les fois où je pourrai faire plus, mieux, d'avantage, etc.
    Bref, je veux me dépouiller d'avantage encore de ce péché attaché à la chair de mes membres car il m'arrive encore trop souvent de me plaindre, de m'agacer à cause de l'ironie et de la mesquinerie des hommes, par exemple.

    J'ai du mal à supporter le caractère difficile de mon second garçon, la mauvaise foi de mon mari non converti et à essayer de comprendre ma jeune fille de 19 ans qui me fait "payer" ma foi, pendant que mon dernier a besoin de tendresse et de patience d'avantage encore !
    Je vis dans un village qui m'a vu passer de l'ivrognerie, violence, toxicomanie et j'en passe à la grâce de Dieu, et qui me raille et me défie en permanence.

    Oui, la chair nous tente et nous trahit bien souvent, mais si "Christ en nous, l'espérance de la gloire" est appliqué alors, nous dépassons par l'Esprit toutes ces choses, nous apprenons, nous grandissons et nous bénissons notre Dieu presque d'avantage pour nos afflictions que pour ce qui apparait comme des bénédictions et je dis : amen !

    J'ai tellement honte quand je me laisse reprendre par le Saint-Esprit en m'imaginant à la place de mes semblables persécutés jusqu'à la mort à l'instant même d'ailleurs ! Alors je veux me battre contre le péché et je loue Dieu de m'avoir renouvelée par Son Esprit pour y parvenir avec SA GRACE, alléluia ! ET vous ?

    Bonne suite dans vos vies, Flo.

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  2. bonjour Jean-Luc merci Carole pour cette exhortation, nous avons besoin en tant que corps de Christ renouvelé, de nous rappeler que d'autres ont souffert jusqu'a la mort pour la justice et leur attachement à notre Dieu, juste, fidéle et bon.
    Ainsi que d'autres encore aujourd'hui qui vivent des choses difficiles à cause de leur attachement à la justice.
    Je dois dire pour ma part que si j'avais su ce qui m'attendais le jour de ma nouvelle naissance j'aurai peut-être réfléchi d'une autre manière au sujet de mon engagement envers le Christ.
    Mais maintenant que je le connais malgré toutes les afflictions (légéres) que j'ai traversé je l'aime d'un amour éternel, car toutes ces épreuves ont eu pour but de me rapprocher de LUI encore plus et de l'aimer d'avantage.
    Avoir part aux souffrances du Christ est une grâce, que nous ne comprenons pas de prime abord, mais qui produit un fruit magnifique.
    Un fruit dont nous ne savons même pas à qui il profitera, mais ce que je sais c'est que c'est un fruit qui le réjouit, LUI, mon Roi.

    Que Dieu bénisse son église, ici sur terre, afin que quand Il reviendra Il puisse réjouir son coeur et faire ses délices, même dés maintenant, de cette épouse, sans taches, ni rides et rien de semblable, qu'Il revient chercher.

    Que Sa paix soit sur nous. Nuria

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